Les parties prenantes sont les acteurs qui participent directement ou indirectement à la création d’une entreprise. Leur identification et leur gestion sont déterminantes pour la réussite du projet entrepreneurial. La norme ISO 26000 encadre leurs rôles respectifs tandis que des outils permettent de les cartographier pour mieux collaborer.
Définition et rôle des parties prenantes
Les parties prenantes constituent des acteurs fondamentaux lors de la création d’une entreprise. Leur identification et leur gestion déterminent la réussite du projet entrepreneurial. Le concept, théorisé par R. Edward Freeman en 1984, désigne l’ensemble des acteurs qui interagissent avec l’organisation naissante.
Définition selon R. Edward Freeman
R. Edward Freeman définit les parties prenantes comme « tout groupe ou individu pouvant affecter ou être affecté par la réalisation des objectifs de l’organisation ». Cette définition, devenue référence, met en lumière la relation d’interdépendance entre l’entreprise et son écosystème d’acteurs.
Catégorisation des parties prenantes
Les parties prenantes se répartissent en deux grandes catégories :
Parties prenantes internes
- Les actionnaires et investisseurs qui apportent les capitaux
- Les salariés qui constituent la force de travail
- Les dirigeants qui pilotent l’organisation
Parties prenantes externes
- Les clients et consommateurs
- Les fournisseurs et sous-traitants
- Les banques et organismes financiers
- Les collectivités territoriales
- Les organismes publics (URSSAF, services fiscaux…)
Influence selon la norme ISO 26000
La norme ISO 26000 structure les relations avec les parties prenantes selon trois niveaux d’interaction :
Niveau | Type d’interaction |
Direct | Participation aux décisions et activités |
Indirect | Influence sur les orientations |
Passif | Réception des effets des activités |
La prise en compte des parties prenantes dès la création permet d’anticiper les attentes et besoins de chaque acteur. Cette démarche préventive favorise la construction de relations durables et mutuellement bénéfiques.
Cartographier ses parties prenantes
La cartographie des parties prenantes constitue une méthode structurée pour analyser et visualiser les acteurs gravitant autour d’un projet entrepreneurial. Cette démarche méthodologique permet d’identifier précisément qui peut contribuer à la réussite ou à l’échec d’une nouvelle entreprise.
Méthodologie de cartographie
L’analyse débute par un recensement exhaustif des parties prenantes, suivi d’une évaluation selon deux axes principaux : leur niveau d’intérêt pour le projet et leur degré d’influence. Cette double évaluation permet de positionner chaque acteur dans une matrice pouvoir/intérêt divisée en quatre quadrants.
Niveau d’influence | Niveau d’intérêt | Stratégie à adopter |
Fort | Fort | Collaboration étroite |
Fort | Faible | Information régulière |
Faible | Fort | Consultation ponctuelle |
Faible | Faible | Surveillance |
Questions fondamentales pour l’identification
- Quelles sont les organisations ayant des obligations contractuelles avec l’entreprise ?
- Avec qui l’entreprise interagit-elle régulièrement ?
- Qui dépend de la santé financière de l’entreprise ?
- Qui partage des préoccupations similaires ?
- Qui risque d’être désavantagé en cas d’exclusion ?
- Qui peut représenter d’autres parties prenantes ?
- Qui peut accélérer l’atteinte des objectifs ?
- Qui peut amplifier l’effet des actions entreprises ?
Tableau d’analyse détaillée
Critère | Description | Évaluation (1-5) |
Pouvoir | Capacité d’influence sur les décisions | Note /5 |
Légitimité | Reconnaissance sociale de l’acteur | Note /5 |
Urgence | Nécessité d’action rapide | Note /5 |
Priorisation des actions
La combinaison des trois critères (pouvoir, légitimité, urgence) détermine le niveau de priorité à accorder à chaque partie prenante. Un acteur cumulant des scores élevés sur les trois axes nécessite une attention soutenue et des actions prioritaires dans la stratégie de communication et de gestion.
Les parties prenantes internes
Les parties prenantes internes constituent le noyau central d’une entreprise en création. Ces acteurs participent directement à la gestion quotidienne et au développement du projet entrepreneurial. Leur identification et leur coordination demandent une communication adaptée pour aligner les ressources vers les objectifs communs.
Les fondateurs et associés
Les fondateurs portent la vision entrepreneuriale et définissent les orientations stratégiques. En France, 73% des créations d’entreprises sont portées par un fondateur unique, tandis que 27% impliquent plusieurs associés. La répartition moyenne du capital lors de la création s’établit comme suit :
Répartition du capital | Pourcentage moyen |
Fondateur principal | 65% |
Associés opérationnels | 25% |
Investisseurs | 10% |
Les investisseurs initiaux
Les business angels et fonds d’amorçage interviennent dans le financement du projet. Leurs attentes portent sur la rentabilité financière et la gouvernance. La communication régulière des indicateurs de performance et des rapports d’activité structure leurs relations avec l’équipe dirigeante.
Modalités de collaboration
- Réunions mensuelles de suivi
- Reporting financier trimestriel
- Participation aux conseils d’administration
Les premiers collaborateurs
Le recrutement des premiers employés représente une étape majeure. Les ressources humaines recherchent des profils polyvalents, autonomes et engagés. La répartition moyenne des effectifs en première année :
Fonction | Part des effectifs |
Production/Opérations | 45% |
Commercial/Marketing | 30% |
Support/Administration | 25% |
Outils de gestion interne
La coordination des parties prenantes internes s’appuie sur des outils collaboratifs : messagerie instantanée, plateforme de gestion de projet, tableaux de bord partagés. Les réunions hebdomadaires permettent d’aligner les interets et de maintenir la cohésion d’équipe.
Les parties prenantes externes
Les parties prenantes externes constituent un ensemble d’acteurs déterminants lors de la création d’une entreprise. Leur identification et leur gestion conditionnent la réussite du projet entrepreneurial. Une analyse méthodique permet de cartographier ces acteurs et d’anticiper leurs attentes.
Les clients et prospects
La clientèle potentielle représente la première partie prenante externe à considérer. Une étude de marché rigoureuse permet d’identifier les besoins et comportements d’achat. Les données démographiques, géographiques et comportementales orientent le positionnement commercial. La mise en place d’une veille régulière sur les tendances de consommation et l’évolution des attentes clients s’inscrit dans une démarche RSE.
Les fournisseurs et partenaires commerciaux
La sélection des fournisseurs nécessite une analyse approfondie selon plusieurs critères :
- Fiabilité et qualité des produits/services
- Délais et conditions de livraison
- Politique tarifaire et conditions de paiement
- Engagement RSE et certification ISO
Les organismes financiers
Les banques et investisseurs examinent la viabilité économique du projet selon une grille d’analyse standardisée. Le dossier de financement doit inclure :
Plan de financement initial | Détail des besoins et ressources |
Plan de trésorerie | Prévisions sur 12 mois |
Compte de résultat prévisionnel | Projection sur 3 ans |
Les administrations et organismes publics
Les formalités administratives de création suivent un calendrier précis :
- Centre de Formalités des Entreprises : 5 jours
- Immatriculation RCS : 10 jours
- Numéro SIRET : 15 jours
Les obligations réglementaires
Le respect des normes professionnelles et environnementales conditionne l’obtention des autorisations d’exercer. Les délais d’instruction des dossiers varient selon l’activité :
- Licence d’exploitation : 2 mois
- Permis d’exploitation : 1 mois
- Agrément sanitaire : 3 mois
Stratégies d’engagement des parties prenantes
L’engagement des parties prenantes demande une méthodologie structurée pour réussir la création d’entreprise. Les différentes stratégies permettent d’adapter le niveau d’implication selon les acteurs et les phases du projet.
Les niveaux d’engagement des parties prenantes
Quatre niveaux progressifs caractérisent l’engagement des parties prenantes :
- L’information : communication descendante pour tenir informées les parties prenantes
- La consultation : recueil des avis et suggestions via des enquêtes, entretiens
- La concertation : échanges réguliers en groupes de travail pour co-construire
- La co-décision : participation directe aux choix stratégiques
Les outils de communication adaptés
La communication nécessite des supports variés selon les cibles :
Type de partie prenante | Outils recommandés |
Investisseurs | Reporting financier, business plan |
Collaborateurs | Réunions, intranet, newsletters |
Clients | Site web, réseaux sociaux, emailings |
Fournisseurs | Cahiers des charges, contrats |
Plan type de gestion des parties prenantes
Un plan structuré en 5 étapes :
- Cartographie et segmentation des parties prenantes
- Analyse des attentes et contraintes de chaque groupe
- Définition des objectifs d’engagement par partie prenante
- Sélection des modalités de communication adaptées
- Mise en place d’indicateurs de suivi
Les bonnes pratiques selon l’ISO 26000
Les recommandations principales incluent :
- Transparence et redevabilité envers les parties prenantes
- Dialogue régulier et constructif
- Respect des intérêts légitimes
- Documentation des échanges et décisions
- Évaluation périodique de la qualité de l’engagement
L’essentiel à retenir sur la gestion des parties prenantes
La prise en compte des parties prenantes internes et externes devient de plus en plus centrale dans la création d’entreprise. Les entrepreneurs doivent mobiliser des méthodes structurées pour identifier, hiérarchiser et impliquer ces acteurs. Dans les années à venir, le développement du numérique modifiera certainement la manière de gérer les relations avec les parties prenantes.